Fin de lune 141: Le cadeau de Ganesh

Lalita serre un peu la main de Kristal dans la sienne, un sourire pour lui montrer son soutien. Un regard bas mais respectueux pour Shankar. Puis, elle rejoint Romy, installée dans la pièce principale. La jolie blonde au corps hissé au rang des dernières œuvres d'art de ce Monde à bout de souffle, semble loin de ce qui se passe, mais elle ne peut ignorer que ce sera cette nuit que l'enfant arrivera.

Lalita s'accroupit devant Romy, lui saisit une main. Son visage aux airs tendres est plus bas que celui de son amie...

"Romy, l'enfant va bientôt arriver. Si cela n'est pas trop difficile pour toi, tu pourrais être auprès d'Amiya. Tout le monde mettra ses mauvaises ondes de coté pour la soutenir. Même Shankar. Elle serait heureuse que tu puisses être auprès d'elle malgré ce que cela peut t'évoquer."

"Est-ce que tu t'en sens la force, Romy ?"

"Tu peux venir dès maintenant ! Accompagne-moi ? Tout est quasiment prêt. Kristal et Shankar s'occupent de l'intendance, et Ajeya joue du Pungi."

Puis, Lalita prend les deux mains de Romy et embrasse leurs paumes. Avant de lui sourire pour la réconforter.

"C'est un beau cadeau que tu fais à Amiya en étant auprès d'elle... D'autant plus précieux... puisqu'elle sait que c'est difficile pour toi en ce moment. Elle saura te remercier et t'aimer en retour..."

Enfin, elle se lève, et laisse Romy. Elle pourra toujours la suivre vers la chambre de Amiya et Shankar.
Lalita repasse la porte et annonce. Sereine.

"Tout se passera bien de notre coté, Amiya ! Et de votre coté, comment ça se passe ?" demande-t-elle en regardant son ventre et son visage.

Lalita regarde les gestes d'Amiya avec étonnement. Avant de répondre d'un air serein.

"Non, réconciliés, non, ce serait trop simple comme scenario... Mais une trêve est envisagée avec beaucoup de sérieux, et déjà presque appliquée. Tu n'as rien pour nettoyer les mains ici ...? "

Elle se rend compte de la bêtise de sa question, car même si Amiya avait de quoi la contenter, elle n'oserait pas la faire bouger de là. Du coup, on peut deviner la suite.

"Je vais me laver les mains, et je ne toucherai plus à rien ensuite à part toi. Mes mains te seront toutes dédiées ! Comme ça, je pourrais mesurer l'ouverture du col, et te dire où tu en es. Je reviens."

Mais oui, un peu d'hygiène quand même !
Et Lalita se déshabille vite, sans partir de la chambre, et ne remet qu'un sari. Celui qu'elle juge être le plus propre. Puis, elle sort avec le reste de ses vêtements sous le bras et va chercher de l'eau et du savon.
C'est rapide, et elle revient bientôt.

"Je ne l'ai jamais fait... "

C'est toujours rassurant.

"Mais j'ai vu un beau schéma ... "

Elle grimpe sur le lit pour rejoindre Amiya, et rejoint son index et son majeur de la main droite. De loin, comme ça, ça fait un peu menaçant... Mais c'est pour son bien.
Lalita s'approche d'elle et parle doucement, avec une douce affection pour sa soeur.

"Ca ne sert à rien d'appuyer dessus tant que le col n'est pas complètement dilater, tu feras souffrir le bébé... Laisse le faire... C'est lui qui a décidé de sortir aujourd'hui, fais lui confiance, laisse lui le temps qu'il a besoin pour descendre..."

La-dessus arrive Shankar, tendu comme un arc, raide comme l'acier, ruisselant de flotte dont il s'est aspergé. D'un regard, il vérifie les visages présents. L'absence de Romy ne semble pas le décontracter.

Il dépose deux bassines d'eau bouillante à côté. Le temps que le travail s'achève, cela fera de l'eau froide stérilisée. D'autres chauffent en attendant, dans l'âtre.

Moi, je suis content que vous soyez-tous là.

ça a l'air sincère, mais c'est largué avec tellement de rigidité et de poids !

Lalita est à l'aise, la main tendue vers le bébé à naître, le tout pudiquement couvert d'un drap. Elle sourit à tout le monde, c'est presque trop simple pour elle d'être toujours heureuse et calme alors que l'orage n'est pas loin, juste à peine repoussé par un vent d'est.

"Bon... Pour moi, le col est ouvert à 4 centimètres déjà... C'est très bien. Dans moins de trois heures, ça devrait être la délivrance. Le bébé est en avance..."

Elle a déjà retiré sa main et l'essuie dans un linge, avant de filer à l'extérieur de la chambre.
Souffler un coup. Puisque Amiya n'est plus seule, elle peut relâcher un peu son sourire, et filer méditer un coup. Une ultime barrière contre le stress ambiant, oscillant entre disputes et souvenirs douloureux. Et le bébé, survivra-t-il ?

Maintenant seule dans une des chambres, elle sent ses mains qui tremblent, elle inspire profondément. Janum est là, lévitant, en paix. Il a déchiré plus d'une fois le voile de la Maya et n'arrive plus vraiment à revenir du coté illusoire de l'univers... Elle s'approche de lui, s'agenouille pour lui toucher le pied, sans attendre qu'il la bénisse en retour. La voit-il seulement ? Et elle se met à prier, avec lui, ou plutôt, auprès de lui.

Shankar semble s'alléger un peu voyant que son malaise est partagé. Porté à plusieurs, c'est forcément moins lourd. Il se glisse vers sa femme et lui glisse un baiser d'encouragement sur le front, quelle audace, en lui tenant la main en public, quel fou ! A deux doigts de la pornographie.

Dans tous les cas, je serai fier de cet enfant, fier de ma soni et de Shankar Singh. Et de tous ceux qui nous ont aidé, depuis le début ou ce soir.

Si il est moins gêné socialement, reste qu'il est tout fébrile et tremblant.

Si c'est une fille...
Euh...

Et bien, je pense que l'appeler Gahana est une bonne chose.

Voyons ce qu'en dit la mère.

ça veut dire Bijou, chez vous.

Shankar sourit, comme par évidence.
Sa main exerce une imperceptible pression dans la sienne :

Bajirao.

"Guerrier Honnête". Le nom du meilleur Peshwa de l'histoire de l'Inde, le libérateur.
Ravi de voir son nom si spontanément et profondément accepté, Shankar se marre :

Des imitations ? Hahaha ! Quelle drôle d'idée ! Tu aurais du l'inventer avant, ça aurait rendu plus de feux de camps amusants !

La vache, il est si jouasse ! On pourrait lui proposer n'importe quel jeu qu'il en ferait une compète mondiale à l'instant.