Lune 65 : Kali-Lakshmi-Kov

Sentant les muscles de Carry, se décrisper sous sa peau, Isran sourit. Mais pour une courte durée, car il sent finalement la présence du sorcier en train de ligoter les jambes émaciées de l'occidentale. Présence qui n'est que confirmée, par le rebond étrange de la lance après sa chute.

Furieux, l'indien tente de la dégager, mais, dans sa précipitation, il ne maîtrise pas sa nouvelle légèreté et l'air qui l'entoure, les emportant ainsi tout trois pour une chute contre le dur sol.

Pourquoi l'attaches-tu, ne vois-tu pas qu'elle se reprends déjà, elle a lâcher son arme.

Amiya souffle. Visiblement, sa soeur n'a pas les yeux en face des trous.

"Ce n'est pas avec mon époux, qui veut l'attraper, que je suis en conflit. C'est avec toi et le sadhu, avec vos méthodes irréfléchies. Shankar ne veut pas la mort de Carry, il veut sa capture. Mais vous, avec ce poison, vous la tuerez. Donnez le lui et Mukunda sera assassin ce soir. Toi, tu seras sa complice."

Et comme Shankar l'appelle, pour la seconde fois, elle finit par revenir vers lui.

"Viens. Allons nettoyer ta plaie."

Un dernier regard en arrière, pour un dernier au revoir à Carry...qui disparait dans un tas de corps et de membres, après une jolie chute au sol. Son élève découvre sa force. Elle lui crie presque, pour l'encourager.

"Isran, je te confie Kali. Veille sur elle et accompagne la, car c'est ton devoir. Toi seul peux la sauver."

Et elle lève des yeux pleins de tristesse vers son époux. Sale soirée.

Mais Shankar reste planté comme sa lance dans le sol. Son oeil braqué sur Carry.

Soigne-moi ici. Pour l'instant. On bandera plus tard à la lumière. Je veux voir ce qu'il advient d'elle.

Au moins consent-il à s'assoir.

Sadhu ! Tu es aghori. Tu mélanges le pur et l'impur. Comment sais-tu pour le démon en elle ? Pourquoi devrais-je croire tes jugements ? Tu as été dupé comme moi par un lézard jadis, et ton cœur veut expier.
J'ai confiance en tes pouvoirs, même si je réfute ton jugement.

Voici mon ordre. Fais-la vivre. Mon épouse... Son œil glisse vers Isran.
Nous. Nous la voulons vivante.

Pas un mot pour le poison. Après tout, comme il l'a dit, pourquoi ouvrirait-elle la bouche ?

Enfin, je veux dire, à moins qu'on ne la garrotte avec une corde en lui pinçant le nez par exemple ?

il écarte le corps de la blonde pour s'accroupir au sol. A quelques centimètre près elle s'empalait sur sa lance et le problème était réglé. Il fouille au sol, la fiole s'est brisée et le poison s'est répandu au sol. Il y voit une nouvelle preuve que son remède est le bon et que le démon cherche par tous les moyens à s'en protéger.

"Ou vois tu qu'elle se reprend. elle ne tient même pas debout.

Guru je ne connais pas de remède pour ressuciter quelqu'un. Je connais juste le moyen de détruire le démon en elle. Une piqure de cobra sur son pied gauche ou sa main.

Tout dépend si on préfère l'amputer du bras ou de la jambe, dans le meilleur des cas, mais ca il leur annoncera plus tard.

Appelez moi quand Ajeya est de retour."

Il s'en retourne dans la tente finir sa nuit.

Lalita regarde l'acte se finir. Pas d'applaudissement pour ce drame.
Carry semble toujours aussi vidée de son âme pourtant. C'est à peine si elle a eu un réflexe autoprotecteur en tombant.

La veuve s'avance d'un pas rapide vers l'endroit où les bouts de verre enduits de poison luisent. Elle les recouvre d'un tas de sable, pour éviter qu'on puisse marcher dessus. Elle fera disparaître tout cela plus tard... Car il y a plus important pour le moment.

Elle finit de lier mains et jambes de Carry, alors qu'elle murmure à Isran.

"Puisque là est ta mission Isran, tu garderas Carry cette nuit... Mais maintiens la bien attachée, c'est tout ce que je te supplie de faire, pour la survie de tous. Je te cède la tente des femmes pour ton temps de garde."

Elle hésite à bâillonner Carry, mais aucun son n'est sorti de sa bouche depuis des jours... Elle a un regard triste pour ce corps qui lui rappelle de bons souvenirs, maintenant révolus.

"Je prends juste mes affaires et la tente est à vous."

Le Guru semble rassuré par la tournure des événements. Se tournant vers son épouse, il la gratifie d'une caresse discrète sur la joue. Sa plaie semble trop gonflée encore pour permettre plus de soin qu'un simple épongeage, même si il faudra la bander pour la nuit.

Soni, demain nous tenterons de la ramener. Je veux que tes talents de soigneuse soient réservés à notre malade. Ma blessure n'est rien, l'arcade saigne beaucoup mais je ne suis pas en danger.

Toutefois, tu l'as dit : les Vedas sont autant de science que de spiritualité. Pour cela, j'aurais besoin que tu la soignes avec le Sadhu. Il vous faudra trouver un accord Mukunda et toi. C'est le seul moyen de guérir l'âme et le corps de Carry. Nous vous assisterons.

Puis, il lui tend la main afin qu'ils regagnent leur tente.

Travailler avec Mukunda. ça ne l'enchante guère, mais au moins elle pourra le surveiller. Alors elle oscille de la tête et accepte la mission, puis attrape la main de son époux pour l'aider à se relever. Avant de se diriger vers la tente, elle lance un regard à Isran.

"Veille sur elle jusqu'à demain, je compte sur toi..."

Pas un regard aux autres, comme si elle ne voulait plus les voir. Au moins jusqu'au matin.