L46: puisqu'on a le droit de se causer...

Il referme les yeux l'espace de deux secondes puis commence a parler.

Eh bien, je ne me sens pas en danger, et c'est quelque chose qui ne m'est pas arrivé souvent dans ma vie. Je me méfie toujours de l'autoproclamé Sri, mais non plus de ce qu'il pourrait avoir derrière la tête, mais des idées qu'il risque de survenir d'un moment à l'autre.
Chacun est libre de sa pensée, ce que j’apprécie, et la tromperie n'as pas l'air de régner en maître, ou alors a un niveau tel qu'il dépasse l'entendement qu'on puisse l'y trouver ainsi dans autant d'individus regroupés aléatoirement.

Il joint alors ses mains de nouveau, cette fois en entrecroisant les doigts.

Je ne mens pas, mais ne dis pas toute vérité non plus, et c'est la meilleure réponse que je puisse formuler pour l'instant.

Elle le regarde d'un drôle d'air, difficile à déchiffrer.

"Shankar ne mettra pas un des siens en danger. J'ai sa parole sur ce sujet depuis un moment déjà. Tu n'as pas besoin de te méfier de ses idées. Tu comprendras cela par toi-même en le côtoyant."


Son sourire peine à revenir, mais il est bien en place quand elle poursuit.


"Ton tour donc. Si tu as d'autres questions."

Il hausse un sourcil

Une de mes phrases t'as troublé ? Enfin, peu importe, si tu ne veux pas en parler c'est ton droit.
Pour ma part, j'ai appris ce dont j'avais besoin, pour le reste, je préfère l'apprendre directement en côtoyant les individus en question.
Enfin, celui que vous nommez Hebinuma me trouble un peu, ça présence ne me dérange pas, mais... Disons que ce n'est pas habituel.

Elle répète:

"Je ne mens pas, mais ne dis pas toute vérité non plus".


Ses sourcils se froncent un peu.

"Quand tu dis ça en parlant des miens, ça ne m'inspire rien de bon."

Visiblement la franchise ne lui pose aucun problème et elle montre l'exemple.

"Mon coeur et grand et j'ai bien une place pour toi dedans. Mais tu ne l'auras que lorsque je serais sûre que ce n'est pas toi qui est mal intentionné. Comme toi, je n'aime pas le mensonge. Et l'omission en est une forme. Si tu as un problème, parles-en et réglons le."

Il hoche la tête

Hai, je comprends mieux, je ne parlais pas d'omission, mais du non-dit. Lorsque tu m'as demandé comment je me sentais ici, une réponse existait déjà, bien que différente de l'actuelle, mais je ne l'ai pas exprimée. Puisque l'absence de réponse était claire, est-ce vraiment une omission, ou un simple non-dit ?

Pour la deuxième fois, son regard change, un peu plus longtemps cette fois.

Il en va de même lorsque j'ai raconté mon passé. Il est certains événements marquants de mon histoire, qui sont passés sous silence, mes deux années en Amérique ont du te paraître bien vide. Mais je ne pense pas qu'il soit utile de les mentionner, et je préférerais moi même les oublier, alors qu'ils sont une partie importante de ma personne.
Est-ce là encore une véritable omission, ou, appelons les choses pas leur nom, un mensonge ?

Son regard revient alors a la normal, et Isran force un sourire.

Si j'ai un problème, vous serez au courant très vite, comme j'ai exprimé mon manque de confiance, même si je te crois, il ne mettra pas sciemment le groupe en danger.

Le regard d'Amiya se fait plus dur. Le masque tombe un peu et il a devant lui celle qui a survécu, plutôt que l'épouse qui s'occupe de sa petite famille avec amour et attention.

"Isran, tu es intelligent et ça se voit. Tu sais que le contexte est différent et qu'il change tout. Un non dit sur ton passé ne me touche pas. Garde tes secrets si tu veux, je ne te demanderais pas de détails. Mais un non dit qui pourrait affecter mes compagnons, c'est pas la même histoire. C'est du présent qu'il s'agit.

Ce que tu me caches, alors que je te le demande avec de bonnes intentions, peut devenir un problème. Plutôt que de mettre un terreau fertile, tu choisis une terre contaminée pour notre relation, et prends le risque de voir de mauvaises herbes pousser.

De mon côté, ne sachant pas de quoi il retourne, je serais méfiante. Du tiens, tu verras que je suis froide avec toi sans comprendre l'origine du malaise. De là, naitrons des tensions dont nous n'avons pas besoin. Je ne t'obligerais pas à parler, mais je te donnerais un conseil. Si quoi que ce soit te dérange, t’intrigue, de titille, c'est maintenant qu'il faut m'en parler. Pas parce que tu me fais confiance, mais parce que m'avoir de ton côté est tout à ton avantage."

Il soupire, lève la tête, et prends un air sérieux.

Nous sommes loin d'avoir la même histoire, et pourtant, je pense que tu pourras comprendre ces mots.

Il y a deux types de douleurs, et celui qui a vraiment connu les deux, n'en connaîtra plus qu'une.

Si tu comprends ces mots, alors tu devrais comprendre également ce que je ne dis pas, et que cela ne saurait véritablement influencer vos vies.
Si tu ne les comprends pas, alors même si je venais a te le raconter, cela ne changerait rien.
Pour faire simple, et si cela peut te rassurer, je paye mes dettes, mais cela fait bien longtemps que quelqu'un qui en as une envers moi ne m'a échappé.

Sa réponse ne semble pas convenir à Amiya.

"Je comprends ce que tu me dis. Mais si tu ne me dis pas la cause de ta douleur, je ne pourrais jamais comprendre ce que tu vis, ni t'aider. Je ne saurais pas comment me comporter face à toi pour éviter de te blesser. Je ne saurais pas quel acte pourrait atténuer ta peine et je pourrais passer à côté d'une bonne occasion de t'apporter un peu de joie.
Mais tu es libre de parler ou non, je respecterais ton choix. Même si je ne l’approuve pas forcément.

"Quant à ton histoire de dette...au sein de notre groupe, tout ne se paie pas, comme tu penses le penser. Il existe encore des gens qui savent donner sans rien attendre en retour. J'espère que toi aussi, tu finiras par devenir ce genre de personne, si tu ne l'es pas déjà."

Son sourire revient illuminer son visage.

"Alors, quelle place veux-tu occuper parmi nous, puisque tu veux devenir un de nos compagnons?"

Il sourit.

Ce n'est pas vraiment ce que j'entendais par dettes, mais peu importe.
La place que j'occupe, je n'y ai pas vraiment réfléchi, mais s'il y a quoi que ce soit que je puisse faire, je le ferai, et je devrais être capable d'apprendre le reste sans trop de problème.

Elle oscille la tête.

"Nous demanderons à Shankar quelles occupations te donner. Bon, as-tu encore des questions? J'ai perdu le compte, mais je pense que ça doit être ton tour."

Il acquiesce avant de répondre.

Pour ma part, je n'ai plus vraiment de question. Je préfère finir de découvrir tout le monde par leurs actes que par ce que j'ai ouïe dire. Les questions que j'ai posé visait a comprendre le groupe.
Pour comprendre l'individu, il n'y a rien de mieux que de le côtoyer, et je doute que tu me contredises.
Et toi, a-tu d'autres questions, après tout, celles que tu as formulé demandaient principalement que j'explicite mes paroles.

Elle le regarde avec intérêt, comme si elle l'évaluait sur quelques critères qui lui sont propres.

"Isran, es-tu marié? As-tu des enfants, une famille?"

Il bouge sa tête lentement de droite a gauche.

Je connaissais des gens que j'aurai pu qualifier de famille en Chine, mais ni femme ni enfants. Au Japon, quelques amis, deux trois personnes de confiance tout au plus, mais pas vraiment de famille.
J'ai vécu seul, et cela m'allait très bien.

Elle lève un sourcil.

"Si tu as vécu seul, je comprends que tu aies du mal avec la vie commune. Particulièrement avec des inconnus. N'as-tu ni femme, ni enfant par choix? En voudrais-tu?"

Si Amiya sait être subtile, elle a visiblement décidée de se mettre en grève!

Il contient un faible rire qui monte

Un choix ? Je suppose que l'on peux appeler ça comme ça. Si je n'ai rien fait contre, je n'ai rien fait pour non plus. Ce qui est équivalent a choisir de ne pas en avoir je suppose.
En vouloir ? Je ne me poses pas cette question, si les circonstances s'y prêtent j'y réfléchirai.

Elle l'observe un moment en silence avant de lâcher:

"D'accord."

Puis dans un sourire:

"Si tu n'as rien ajouté, moi non plus. Tu peux disposer si tu as quelque chose à faire."