L130: La dernière lune de Ganga

Messages : 1989 Date d'inscription : 27/01/2016

Encore un matin comme les autres, froid, humide. Dehors, l'aube se lève, les oiseaux qui n'ont pas migré s'échauffent la voix et l'eau continue de s'écraser sur le sable de la plage en face: cette nuit, ils ont campé sur la plateforme du vieux bunker vide. Amiya ouvre ses yeux, s'étire, se dégage de la pile de draps et de couvertures. Elle baille, touche son visage encore marqué par la nuit. Ses yeux sont cernés, elle a mal dormi.

Et pourtant, elle se lève, enfile un pull par dessus sa longue robe de nuit blanche. Elle cherche des chaussettes, une vieille paire de chaussure et enfin, sort de la tente conjugale. S'étire à nouveau et comme tous les matins, se dirige vers le feu pour le raviver, met de l'eau à bouillir avant d'aller droit vers le coin cuisine où elle ouvre des malles et sort un plateau, de la vaisselle, des restes de la veille et des fruits qu'elle coupe en dés parfaits. Oui, parfaits, sans hésiter à jeter ceux qui ne lui plaisent pas et tant pis pour le gaspillage.

Et enfin, elle dépose le plateau au milieu du camp et disparait entre des tentures pour sa glaciale purification du matin. Ce n'est qu'une fois propre et correctement habillée qu'elle reviendra près du feu et se servira une infusion brulante, les yeux plissés et ravis, respirant à plein poumons les effluves de la terre mouillée et du fleuve qui remontent jusqu'à elle. Aujourd'hui, décide-t-elle, sera le dernier jour de Ganga. Que le fleuve leur offre son meilleur présent en l'honneur de Lakshmi, avant qu'elle ne clôture ce cycle..

Messages : 1417 Date d'inscription : 27/01/2016

C'est réveillé par l'absence à ses côtés que, toujours un petit quart d'heure après, Shankar se réveille. Sortant crânement de la tente battue par les vents, difficilement arrimée à la terrasse de béton, il plisse les yeux, se gratte les fesses, le ventre, le nez, avant de finalement repérer la corbeille de fruits. C'est après avoir prélevé sa part qu'il appelle :

"Tout-le-monde-debout, hai !"

Non, il n'y a aucun impératif à se lever. Pas d'alerte ni de danger. Mais ceux qui ne se lèveront pas passeront après le troisième service de Shankar.
Car non, il ne se doute pas que ce jour est spécial.

Messages : 1989 Date d'inscription : 27/01/2016

Ce n'est jamais calme bien longtemps. La femme rouge lève les yeux vers son mari, se penche pour lui toucher le pied.

"Piya, je voudrais t'accompagner à la pêche aujourd'hui. Je peux? Je sens que c'est un grand jour. Le dernier du cycle. Ce soir, nous célébrerons Ganga et saluerons la prochaine Shakti."

Elle bat machinalement des cils, sourit de tout ses charmes, bien que son ventre de plus en plus rond gâche un peu sa silhouette de danseuse.

Messages : 1417 Date d'inscription : 27/01/2016

C'est précisément vers son ventre qu'il lorgne, avant de réfléchir un peu et de comprendre.
De la mangue plein le bec :

Nouveau... Cycle ?

Il sourit. Avoir survécu à un cycle complet est toujours une satisfaction. Mais il cesse peu à peu de mâcher en anticipant la prochaine Shatkti.

Ce... Ce sera... ?

L'interrogation dans ses yeux est purement rhétorique. La pêche et le petit dej passent presque au second plan.

Messages : 1989 Date d'inscription : 27/01/2016

"Une surprise."

Et elle ferme les yeux, satisfaite, prenant cette réponse pour un oui. Que les autres se lèvent, la journée sera longue. Piochant un peu au hasard, elle mange ce qui lui passe en main et réfléchis déjà à la cérémonie du soir. Quelles offrandes va-t-elle pouvoir préparer? Rentrera-t-elle dans son sari? Elle soupire.

"J'aurais besoin d'aide pour les préparatifs. Qui m'assistera?"

Messages : 399 Date d'inscription : 27/12/2016

Lorsqu'elle entendit le premier signe d'agitation matinale, les yeux figés sur la toile de tente, derrière ceux-là se déroulait encore et encore la même scène de suicide fantasmé, qui lui était apparue en observant les flots noirs lors d'une pressante envie nocturne, deux heures et demi avant cela.
...

Autant dire qu'elle ne pète pas exactement le feu après une voire plusieurs nuits blanches, mais le bruit d'une journée qui démarre pour quelqu'un d'autre lui ôte quelques kilos du poids psychologique qui lui comprime le corps entier, jusqu'à le tétaniser pendant des heures, le statufier, quand vient souvent l'heure de trouver le sommeil.
Pourtant, peut-être qu'elle ajoute d'autres types d'inquiétudes, cette rumeur humaine matinale, mais un espèce de plissement de joue amusé apparaît sur le visage livide qui a enfin clos ses paupières, justement après que Shankar ait appelé au contraire, et elle se délasse enfin pendant quelques secondes dans le duvet. La perspective de profiter désormais d'un coma profond l'inonde intérieurement d'une douce ironie...ce serait encore faire tout de travers...
Mais elle profite de cette énergie pour au contraire se lever définitivement et se préparer, elle enfonce aussi quelques bricoles dans ses poches, avant de se montrer au monde...

Elle ne rejoint pas vraiment le couple, leur adresse au passage un simple “bonjour” agrémenté d'un sourire peu étincelant, et fait quelques pas pour se dégourdir les jambes tout en buvant lentement à sa gourde ; sa face blafarde ne contraste pas tellement avec la luminosité hivernale, elle va scruter l'horizon marin et semble s'y perdre un moment, les rangers au bord du gouffre.

Messages : 1989 Date d'inscription : 27/01/2016

L'indienne regarde Kristal se lever, la salue d'un simple "ram ram", la suit des yeux. Certains ne sont pas du matin, parait-il. Peut-être est-ce son cas? Elle lui laisse bien quelques instants de paix avant de l'interpeler.

"Le petit déjeuner est servi, pour tout le monde. Tu peux prendre ce que tu veux, il sera toujours prêt chaque matin. Que veux-tu faire aujourd'hui? Nous allons à la pêche ce matin, puis nous allons préparer une prière pour ce soir. Je sais que tu as tes dieux et je ne t'obligerais pas à participer, mais veux-tu y assister?"

Messages : 399 Date d'inscription : 27/12/2016

Après encore un temps de latence, évaporée, elle retourne sur ses pas et sort un petit seau en plastique hermétique bleu qu'elle place entre Amiya et elle. Elle a aussi ramené sa propre tasse.
Ne faisant d'abord pas le moindre commentaire, ses yeux roulent vers les fruits qu'elle pioche d'une main puis semble particulièrement apprécier, en soupirant presque d'aise pendant qu'elle mastique. De toute façon, à ses joues, malgré la grise mine, on voit qu'elle ne s'est surement jamais laisser dépérir au cours de sa vie et qu'elle n'a pas connu la faim au cours des derniers mois...
Mais des fruits frais...
La jeune finit par s'exprimer sans fard.

Je sais pas trop, vous avez peut-être des trucs à me faire faire ? Avant j'étais seule alors je me posais pas cette question.
Sinon pourquoi pas, si ça vous dérange pas hein...

Elle désigne vaguement le pot. Dedans, du sang noir, puant, quelques globes oculaires et oreilles anonymes qui y baignent, pour son rituel satanique du matin.
Non, pas vraiment, en fait...

C'est du miel. J'ai pensé que ça vous ferait peut-être plaisir que je le donne pour la cuisine et tout le monde, il est plus tout jeune mais il est encore très bon, moi j'en prends tout les matins dans de l'eau chaude en général. Y'en a encore pour quelques semaines.

Elle n'est pas très sure que ça soit pris comme elle l'entend, et que la chose ne soit pas poliment remisée quelque part sans qu'ils n'y touchent en fait un gramme...

Messages : 491 Date d'inscription : 27/01/2016

Ajeya sort sa tête enfarinée du tas de couverture qui lui sert de ''cabane'' sur la pirogue.
Elle étend ses bras, baille sans retenue puis finit par sortir complètement de son lit.
Elle attrape quelques mets qu'elle enfourne plus vite qu'il ne faut pour le dire.

Qu'est ce qu'il faut préparer mammi ?

Messages : 399 Date d'inscription : 27/12/2016

Peut-être qu'on remarque le regard un peu plus tendre, attentionné, et concentré de Kristal, quand la môme arrive.

Messages : 1417 Date d'inscription : 27/01/2016

Shankar observe le pot, circonspect. Quand Kristal en révèle le contenu, on peut lire un enthousiasme sans limite sur sa tronche.

Haan, ça sera très utile en cuisine ! Même si il faudra rationner... On pourra de nouveau faire des gulab jamun !

Il efface assez vite son air de gosse découvrant le placard à confitures pour afficher son air concentré :

Coupé au sirop de fruit, on doit pouvoir tenir un moment avec ça. Pour les offrandes et les grandes occasions seulement, comme l'ère de Ganesha. Pour le reste, même si nous quittons le cycle de Lakshmi ce soir, je suis sûr que la déesse restera généreuse. Sinon, peut être que la Shakti qui lui succèdera nous... ehm... Offrira les moyens d'accéder à la prospérité d'une façon ou d'une autre.

Reste à savoir ce que la femme rouge leur annoncera.

Messages : 1989 Date d'inscription : 27/01/2016

Justement, en parlant de rouge, Amiya a terminé sa tasse.

"Merci, Kristal. C'est gentil de ta part. Je te ferais un masque, pour ta peau."

Et sans s'étaler sur l'importance de rester belle, du moins pour cette fois, elle poursuit:

"Pour ce soir, il va me falloir une autre tenue. Aucune chance que mon sari m'aille encore, mais j'ai encore un punjabi blanc. Reste à trouver de quoi le teindre. Du sang coupé à de l'eau peut-être? Est-ce qu'on a autre chose que du poisson?"

Elle hausse les épaules. Au pire, avec des fleurs séchées, l'odeur devrait être supportable.

"Il faudra préparer des barques en feuilles et en bois, une par personne. Et chacun devra y mettre son offrande, pensez-y. Quelque chose qui se mange, qui vous est utile, ou qui représente quelque chose pour vous."

Un regard plissé à son époux. Pas de cheveux, cette fois, ou elle va être très colère.

"Kristal, tu saurais bricoler ça avec Ajeya? Et il faudra une représentation de Ganga, que nous immergerons. Utilisons les pièces de moteurs inutiles, ça devrait bien couler. Je peux aider, mais pas la terminer seule."

Messages : 399 Date d'inscription : 27/12/2016

Kristal fait des yeux ronds. Mais une bonne fois pour toute.

Ah oui c'est pas n'importe quoi.

Elle se pliera au mouvement des autres et elle indiquera même ses propres maigres connaissances. Même si ça la fait profondément chier, de bosser pour la maîtresse des lieux, qui contrôle tout.

Tu es un peu la reine ici.

Commente t-elle sobrement, en avalant de la mangue, et la fixant droit dans les yeux. Elle est très jalouse, en fait, et la fusille du regard, mais par pure envie. Elle voudrait être elle.

Je peux venir aller à la pêche quand même ?

C'est une petite maligne.

Messages : 1989 Date d'inscription : 27/01/2016

Elle soutient le regard, comme si elle avait l'habitude, avec ce petit sourire provocateur en coin qu'elle ne réservait qu'à leur sadhu:

"Je suis la reine, sinon, pourquoi épouser un roi?"

Messages : 1417 Date d'inscription : 27/01/2016

Shankar renifle bruyamment, sans doute pour se sortir de sa propre réflexion.

Haan, Amiya est la femme rouge. Mukunda le sorcier lui a confié la science de sentir le temps changer et de déclarer Cycles et Ères, ainsi que le savoir pour les célébrer comme les dieux l'entendent. En ce crépuscule des ères, sa parole fait loi, et ses mots ont toujours énoncé de strictes vérités qui se sont vérifiées. Qu'importent les moqueries des scientistes de la Tour qui a tué notre Sadhu en représailles.

Puis, moins formellement :
Aussi, elle est mon épouse et la plus belle des femmes. Il faut bien que de temps à autres, j'ai moi aussi le devoir de l'écouter, alors que je règne le reste du temps.

Le voilà qui se fend d'un sourire mielleux qui pourrait sembler gag et ironique, mais qui n'en semble pas moins sincère, malheureusement.

Difficile de trouver des flotteurs décents. Mais la ou nous allons pêcher, il y a plein de bouteilles en plastique. Tu te souviens, dil merah ?

Clin d'oeil. La bouteille, la fameuse. Celle qui a un fil qui continue sous l'eau, non loin de là...

Messages : 399 Date d'inscription : 27/12/2016

Elle reste perplexe. Mais elle se recentre sur un thème plus privé, et ne recherche pas la discussion continue.

Tu en es où là ? A Combien ?

Messages : 1989 Date d'inscription : 27/01/2016

Sans baisser les yeux, son sourire disparait d'un coup.

"Six mois je pense. Je n'ai pas le moyen de vérifier correctement. Tu peux venir à la pêche, mais je te préviens, nous irons armés."

Messages : 399 Date d'inscription : 27/12/2016

Elle hausse les épaules, et profite de de la nourriture.

Alors t'as rien compris. J'ai eu plus d'armes que de vaisselles entre les mains. Sauf que ça me fait peur. Ouais ça me fera toujours peur. Mais donne moi une arme, elle sera six fois plus nickels chromes. Cette arme me fera peur.

C'est pas un jouet...

Pas d'explications.............

Messages : 1417 Date d'inscription : 27/01/2016

Shankar va de l'une à l'autre, les yeux en essuie-glaces. Il renifle à nouveau, puis, fixant les derniers fruits de la corbeille avec une envie non-dissimulée :

Très bien ! Allons pêcher alors. Le "Shivatom" devrait suffire pour trois.

Il désigne alors le pédalo.

Ajeya ! Ajaa, tu prendras le Radma ou le Vishnuke pour pêcher les bouteilles qui nous manqueront. Prends-en comme si on en ramènerait pas. Au pire, ça fera beaucoup d'offrandes. Mais j'ai beaucoup de faveurs à demander à la prochaine Shakti...

Pour appuyer ses dires, ou la conversation précédente, il resserre la bandoulière du pistolet mitrailleur qu'il conserve pour l'instant sur son flanc. Et d'un air fauve, s'empare du dernier dé de fruit et se laisse tomber dans le pédalo qui rue à la surface sous son poids soudain.

Messages : 1989 Date d'inscription : 27/01/2016

A kristal, Amiya ne répond qu'un soupire, comme une mère qui écoute les blablas sans importance de l'enfant d'un voisin. Elle sait qu'elle doit écouter, mais n'a pas envie de répondre. Même pas "c'est bien, va jouer à la marelle". Elle se lève et rejoint Shankar, saisissant un arc au passage, ses flèches taillées à même les branches et tapote le siège à côté d'elle. Non, elle n'a pas ramassé le repas, c'est qu'il en reste deux ou trois qui n'ont pas encore mangé. Après tout, il n'y avait pas que des fruits sur le plateau garni et même s'ils n'avaient qu'à se lever plus tôt, ils ont droit à leur pitance.

Messages : 399 Date d'inscription : 27/12/2016

Toujours vers le bébé... Tout va très vite chez eux, elle s'en aperçoit de plus en plus, alors en se servant deux cuillerées de son pot dans sa tasse elle demande calmement :

Ta grossesse ça va ? Je pense que ça va. Tu es la plus belle que je n'ai jamais vu.

Elle bloque un peu en réfléchissant. C'est un mensonge.

Oui, t'es la plus belle. Qu'est-ce que tu es jolie.

Voilà qui devrait rejoindre en cadeaux deux époux, enfin surtout le mari.

Mais elle annonce piteusement.

Moi ça ne m'arrivera jamais...

Kris se pose pourtant là, en terme de beauté. Faut le dire; mieux goler c'est dur...avec du maquillage et un costume, elle pourrait être surpuissante, une diva, une déesse.

Mais là elle est un peu pathétique. Elle se sent très à l'écart, hors des "trois"
Elle ferme sa gueule. C'est sans doute sa punition ... Ils vont partir et la laisser.

Messages : 1417 Date d'inscription : 27/01/2016

Installé dans le pédalo, Shankar écarte son épouse du siège de copilote, lui désignant plutôt la banquette arrière. Hors de question de la faire pédaler, visiblement. Désignant le siège vide à ses côtés, il interpelle Kristal.

Messages : 399 Date d'inscription : 27/12/2016

Elle s'exécute. Ils vont trop vite, tout le temps. Elle lance à Shankar histoire de détendre un peu l'atmosphère:

Tu pèches à la dynamite non ?

Elle se gratte un peu le bonnet, se touche comme pour voir si elle n'a pas une tâche.

Chez moi y'avait une rivière et on faisait pas mal de trucs comme ça. Un jour on s'est complètement perdu avec mon frère, alors on a passé trois jours dehors comme des cons. Je te raconte pas les grosses mandales que je me suis mangée quand on est rentré, mon frère beaucoup plus.

Elle confiera pendant l'effort

En fait je me prenais pas mal de grosses claques.

Tu m'étonnes vu le comportement un peu bizarre.

On s'en prenait tous pas mal. Mais t'imagine avoir sept gamins ? J'avais six frères. Tu en voudrais beaucoup toi ?

Si elle avait six frères alors tout peut s'expliquer... Elle est super lourde et agitée d'un bordel monstre en fait de fille soit disant très calme. En plus de confier entre les lignes qu'il n'y avait aucune femme comme Amiya pour représenter quelque chose, tenir la boutique. Une rose noyée dans un océan de testostérone.

Messages : 1989 Date d'inscription : 27/01/2016

En entendant la tirade de compliment, Amiya a juste éclaté de rire. Un vrai rire, pas moqueur, juste un peu surpris, qui respire pour une fois la joie de vivre. C'est que même Shankar qui veut lui demander quelque chose n'en fait pas autant, et même si elle se doute que c'est pas totalement sincère, ça a le mérite de la faire marrer. A ce moment, elle ressemble un peu à l'ancienne Amiya, celle qui n'était pas encore toquée et intransigeante. Mais ça ne dure pas, puisqu'elle finit par se calmer.

"On pense toujours qu'on aura pas d'enfant. A ton âge, je pensais ne jamais me marier et certainement pas être mère. Résultat..."

Elle hausse les épaules et elle écoute sagement, avec plus d'attention cette fois, affalée entre les sièges de devant.

"J'avais un frère aussi. Un grand. Et un père, et une mère. Mon frère ne prenait jamais de claques. Moi si, jusqu'à ce que je rentre dans les rangs. Dans leurs rangs, ceux qu'ils avaient décidé pour moi. Et quand j'ai cru que ça serait finit, ils m'ont trouvé pire, ma belle-mère. Tu n'imagines même pas l'enfer qu'elle m'a fait vivre."

Elle marque une pause, pensive.

"Kristal, tu es jeune et dans mon pays, tu pourrais presque être ma fille...je ne veux pas être l'horrible marâtre. Mais je ne pourrais jamais m'empêcher de veiller sur toi comme sur les autres. ça sera lourd et parfois, tu me haïras comme on hait ceux qui nous mettent des limites. Mais un jour, tu me remercieras peut-être. Comme aujourd'hui je remercie ma famille de m'avoir appris certaines valeurs."

Et elle tapote l'épaule de Shankar:

"Plus au nord Piya. Et va moins vite, sinon Ajeya ne pourra pas nous suivre!"

D'ailleurs, elle lui fait signe de la main.

Messages : 491 Date d'inscription : 27/01/2016

Derrière l'équipage principal, Ajeya mène sa pirogue de main de mettre, aidée par leur autre nouvelle, muette comme une tombe. Elle doit méditer elle aussi, à sa façon.

Elle voit Ami lui faire coucou, alors elle lève la main aussi. Si la distance entre les embarcations a un peu augmenté, la corde qui les relie saura freiner les excès d'enthousiasme du Sri.

Elle jette un oeil à sa compagne d'embarcation et au cas où jette un lapidaire :

Tu viens d'où araksit ?

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